Éditorial

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Artisans de paix et de justice

JP Waechter



Les attentats de début janvier ont produit un choc terrible dans le pays, et plus largement dans le monde. Au lieu d’ébranler l’unité nationale, ils ont provoqué un sursaut salutaire de la nation, debout pour défendre la liberté d’expression et la vie bafouée. La journée du 11 janvier demeure dans tous les esprits comme un signal fort d’unité face à la barbarie.

Passé le temps de l’émotion vient le temps de la réflexion.

De l’avis même du Premier ministre, le mal est profond. Il parle de l’existence d’un « apartheid territorial, social, ethnique » à l’œuvre dans les quartiers populaires, et fustige « la relégation périurbaine, les ghettos » qui caractériseraient ces territoires. 

En 2014, l’UNICEF pointait déjà dans un rapport resté plus ou moins confidentiel le désarroi des adolescents français en manque de reconnaissance et d’appartenance et, à ce titre, guettés par de multiples dérives. L’analyse qu’en fait Sébastien Schoepperlé interpelle l’Église, vous et moi, et nous incite à relever le défi : aller à la rencontre de ces jeunes en mal de pères et de repères. À Pontoise (Congrès du CNEF), un autre étudiant en théologie se proposait précisément d’« aller parler aux musulmans radicaux et d’aider l’État ». Et dans l’interview qu’il a accordé à ENroute, Leader Vocal suggère aux aînés de prendre les plus jeunes par la main pour paraphraser la chanson de Yves Duteil.

Un point est certain : le crime ne peut jamais avoir de justificatif théologique. Notre évêque Patrick Streiff martèle cette évidence-là en rappelant que seule une conduite inspirée par l’amour de Dieu et du prochain est de nature à Lui rendre gloire et honneur. Cet amour seul inspire également le respect d’autrui et le respect de ses convictions quelles qu’elles soient. Il  est dans sa nature d’éviter toute provocation gratuite, comme le souligne le billet d’humeur d’Éric Denimal.

En cette année de grâce 2015, il nous reste à relever nos manches, tous, qui que nous soyons, aux côtés de nos autorités, pour devenir aujourd'hui comme jamais des artisans de paix et de justice (cf la déclaration des responsables mennonites).

« Celui qui nous rassemble refuse que notre destin soit la fatalité des fraternités assassines. Il nous bénit et nous fait signe, comme il a fait signe à Caïn. Il nous a destinés depuis le commencement du monde à découvrir une fraternité réconciliée ».

François Clavairoly, président de la FPF, 31 janvier 2015

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La foule des manifestants à la hauteur du 1 boulevard Poissonnière, passe devant le cinéma Le Grand Rex - 11 Janvier 2015  - Auteur Basili © wiki commons


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