Bref historique du rapprochement avec le pasteur Pierre Geiser

2005 : fusion sans confusion

Nos deux Eglises (EMF et UEEM) avancent pas à pas en prévision de la fusion fixée en l'an de grâce 2005. Elles partagent espérances et peurs, partie intégrante d'un tel cheminement. Le Seigneur qui a initié ce processus veut faire quelque chose de neuf. Moins d'une année nous sépare de l'échéance, le vote concernant l'intégration de l'EMF à l'UEEM. Nous avons voulu prendre la température auprès des responsables, le surintendant Daniel Nussbaumer et le président de l'EMF Grégoire Chahinian. Pour commencer, le pasteur Pierre Geiser nous retrace la genèse de ce rapprochement historique.

Bref historique du rapprochement 
Pierre Geiser
Pasteur

De 1978 à 1980 l'EMF a engagé une réflexion et organisé une concertation au sujet de son avenir. Voici quelques notes résumant la conclusion de deux ans de concertation :
* L'isolement de l'EMF est un piège sur le plan spirituel. En 40 ans, l'EMF s'est rétrécie, aussi bien en ce qui concerne le rayonnement, le nombre de membres etc.
* Difficultés de pouvoir seule envisager une vraie dynamique d'évangélisation et d'implantation d'Eglises
* Grande difficulté pour organiser la rotation préconisée dans la desserte des Eglises.
Ce travail, appuyé par un questionnaire adressé à toutes les Eglises, a conduit l'Union à s'engager dans la perspective d'un rapprochement avec l'UEEM.
Il est juste de rappeler qu'un rapprochement avait aussi été envisagé avec l'Union des Eglises Libres. Après concertation avec le bureau de la Commission Synodale, nous avons renoncé à cette option. Depuis de nombreuses années, des liens avaient été tissés avec cette Union et à plusieurs reprises une fusion avait été évoquée sans que cela ne puisse se concrétiser.
Un cheminement long et prudent a alors été engagé avec « nos cousins » méthodistes de l'UEEM.
Dès le début, nous étions conscients de la nécessité de prendre du temps. Géographiquement éloignés de nos Eglises, nous ne les connaissions que grâce à quelques rencontres personnelles. Si l'origine des Eglises de nos deux Unions se trouve bien dans le réveil méthodiste, dont John Wesley a été l'instrument, nos parcours historiques sont bien différents. Le méthodisme wesleyen français remonte en droite ligne à sa source britannique. Il a cependant connu une rupture lourde de conséquence en 1940, avec la fusion de la majorité de ses Eglises avec d'autres Eglises protestantes lors de la constitution de l'ERF. Cette expérience a eu pour conséquence la constitution d'une Union indépendante et craintive à l'égard de tout regroupement, vu comme une menace de son indépendance et de ses positions doctrinales.
L'UEEM est héritière de la branche américaine du méthodisme. La quasi-totalité des Eglises qui la constituent sont de plus une dérivation née dans la seconde moitié du 19e siècle, à la suite de la conversion d'un émigré allemand du nom de Albrecht. D'expression germanophone, ce groupe, du nom de « Evangelische Gemeinschaft » a essaimé en Europe, particulièrement en Allemagne et en Suisse ainsi qu'en Alsace. L'Eglise d'Agen dans le sud-ouest est une uvre née du travail d'évangélisation de ce groupe parmi les expatriés de suisse alémanique après la première guerre mondiale. Seule l'Eglise de Strasbourg située rue Kagenek est d'origine méthodiste épiscopale. En 1970, après un cheminement parallèle de 100 ans, ces deux branches du Méthodisme se sont regroupées au niveau international pour former l'United Methodist Church (UMC- Eglise Evangélique Méthodiste).
C'est donc avec ce groupe d'Eglises que nous avons choisi d'entreprendre un cheminement de « rapprochement » !
Pendant plusieurs années, il y eut d'une part des commissions mixtes qui ont travaillé sur divers aspects de la vie de nos deux Unions, d'autre part une pastorale commune annuelle a été instaurée ; Nous avons aussi régulièrement envoyé et reçu des visiteurs lors des Synodes de l'EMF et des Assemblées générales de l'UEEM. Il y eut des participations de jeunes et de pasteurs à des camps organisés par l'autre Union, et même un jumelage entre deux Eglises.
Comme dans tout rapprochement entre des personnes ou des groupes de personnes, il y eut des moments d'enthousiasme et des moments de crainte. Ceci a été le cas de part et d'autre. 
Après les premières années, la crainte d'être « entraînés à des alliances redoutables, absorbés et dilués dans la masse, nous a conduit à marquer le pas. Nous ne voulions pas avancer coûte que coûte ; il fallait aussi sauvegarder l'unité de chaque groupe.
Après plusieurs années de « marche au ralenti », nous étions prêts à reprendre le travail. Les commissions ont été réactivées. Plusieurs hypothèses ont été avancées pour aboutir à une véritable Union des Eglises Méthodistes de France. Aucune ne devait être a priori écartée, ni privilégiée. 
L'idée d'une intégration provisoire des Eglises EMF à l'UEEM a été proposée par le Collège Synodal, afin de permettre aux commissions de travailler « de l'intérieur », avec un Comité Directeur commun représentant l'ensemble des Eglises qui en assure la coordination.
Au départ, cette idée a parue surprenante, mais à l'usage elle s'est avérée efficace. C'est ainsi que nous avons été en mesure de nous attaquer aux différences de pratique, et rapprocher nos points de vue en confiance. Dès maintenant, un certain nombre de questions sont réglées, même si elles n'engagent pas l'avenir de manière irréversible. Ainsi, ce premier N° de « En route » est la preuve que nous sommes bien engagés au moins en ce qui concerne l'information. Une nouvelle grille des salaires, identique pour l'ensemble, est entrée en application ; elle reprend certains éléments de part et d'autre, et a permis de résoudre les problèmes qui devaient l'être de toute façon. D'autres points sont encore « sur le métier », comme par exemple tout ce qui a trait au fonctionnement de la caisse centrale et aux questions de la solidarité au niveau de l'Union et de la responsabilité de chaque communauté. Les questions concernant la formation initiale et permanente des pasteurs ainsi que l'organisation de la desserte sont en grande partie résolues.
Peu à peu, le chemin s'éclaircit, et parmi les hypothèses envisagées, l'une semble émerger. Elle devrait nous conduire à la constitution d'une entité nouvelle issue des deux Unions précédentes, reconnaissant leur cheminement historique et leur convergence sur tous les points essentiels. La nouvelle Union trouvera sa place dans un district francophone élargi aux communautés de Suisse Romande et d'Afrique du nord, ainsi qu'à diverses communautés méthodistes qui sans être francophones, se trouvent sur son territoire géographique.
Dans un premier temps, le district francophone devrait fonctionner dans le cadre de la Conférence Suisse ­ France de l'Eglise Evangélique Méthodiste. L'idée de constituer ultérieurement une Conférence Francophone reste encore à étudier.
Mais n'allons pas trop vite. Avant nos prochaines Assemblées générales, rien n'est arrêté. Dans les Commissions comme au Comité Directeur Commun (CDC), nous avons travaillé en nous efforçant de ne rien occulter, mais aussi en priant pour que le Seigneur nous donne pleinement sa Sagesse pour proposer ce qui pourra servir sa gloire et l'avancement de Son uvre. Il nous semble qu'Il a conduit nos pensées et aidé par Son Esprit l'élaboration de propositions qui seront soumises au vote des Assemblées Générales (AG). La nouvelle Union, si elle voit le jour, ne sera pas à elle seule l'Eglise, mais elle montrera un peu plus l'Unité voulue par Dieu. Elle ne fera pas automatiquement de nos communautés des Eglises plus dynamiques pour la cause de l'Evangile, mais nous croyons qu'ensemble nous serons mieux armés pour proclamer avec force la Bonne Nouvelle.