Le billet de l'évêque

Le diable

Patrick Streiff, évêque

patrick Streiff

Être porteur d’une juste doctrine, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant, car même le Diable excelle en la matière. Seule prime dans la vie l’exercice de la foi véritable comme prélude à l’expérience de l’amour.




Primat de l'amour

Le vrai signe distinctif de chaque chrétien a trait à l’amour. Et comme de nos jours beaucoup de gens parlent de l’amour mais lui donnent des sens différents, une explication est nécessaire. Lorsqu’on a interrogé Jésus sur le plus grand commandement, il a répondu avec le double commandement de l’amour : «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C’est là le grand, le premier commandement. Un second est aussi important : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la Loi et les Prophètes.» (Mt 22.37-40)

Faire l’expérience de l’amour de Dieu au fond de son cœur, c’est par là que commence la vie chrétienne.

L’expérience du réveil

Comme beaucoup de chrétiens avant et après lui, John Wesley a fait de ce double commandement le but de sa vie. Et quand il lui sembla s’en rapprocher, il a dû constater que ses efforts ne suffiraient jamais, qu’il ne trouvait pas la paix avec Dieu et que souvent les autres le considéraient comme un fanatique exalté. Ce n’est que lorsqu’il a acquis la conviction que Jésus était mort aussi pour ses péchés et ses insuffisances, qu’il a pu faire personnellement l’expérience de l’amour de Dieu pour lui, un amour qui précède tous nos propres efforts. Wesley a exprimé cela avec les mots de l’apôtre Paul : «car l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné.» (Rm 5.5) Ce qui a d’abord été une expérience personnelle de réveil est devenu, en liaison avec d’autres qui avaient fait la même expérience, un mouvement de réveil.


Ro 5.5 Dieu a répandu son amour dans nos cœurs par l'Esprit Saint qu'il nous a donné.

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Trait significatif

C’est pourquoi pour Wesley, le vrai signe distinctif de chaque chrétien a trait à l’amour. Et cela très concrètement. Cela commence par une relation réconciliée avec Dieu : faire personnellement l’expérience de l’amour de Dieu et, à partir de cette expérience, aimer Dieu de toute sa force et son prochain comme soi-même. Ce qui, dans ces trois pas de l’amour (l’amour de Dieu pour nous ; notre amour pour Dieu ; notre amour pour notre prochain comme pour nous-mêmes), constitue le signe distinctif de chaque chrétien doit devenir le signe distinctif de chaque méthodiste. Wesley a donc pu aller jusqu’à déclarer que l’on pouvait entrer au ciel avec nombre de fausses doctrines, mais en tout cas pas sans amour. Pour lui, la doctrine juste n’était pas le signe décisif.

La vraie foi

Mais quel rapport cela a-t-il avec le diable ? Wesley a été critiqué par nombre de responsables évangéliques pour qui la vraie confession de foi était le signe distinctif décisif d’un chrétien. C’est pourquoi Wesley a, dans de nombreux sermons, marqué clairement ce qu’il entendait en citant le diable : le diable sait exactement, voire infailliblement et bien mieux que n’importe quel être humain, quelle est la doctrine juste. Mais il lui manque la vraie foi : mettre personnellement toute sa confiance dans ce que Dieu a fait pour nous en Jésus. Faire l’expérience de l’amour de Dieu au fond de son cœur, c’est par là que commence la vie chrétienne. Et c’est à partir de ce commencement que, dans l’amour pour Dieu et pour le prochain, la foi personnelle peut et doit exercer ses effets.

Patrick Streiff, évêque

Traduction Frédy Schmid

Calendrier de l’évêque pour juillet : 4-6 : retraite du nouveau Conseil de la Conférence annuelle Suisse-France-Afrique du Nord, Wisikofen CH ; 9-13 : Camp de familles de l’EEM Hongroise, Bükkszek.