Libres propos… de Stéphane Lauzet

Secrétaire Général de l'Alliance Evangélique Française


L'évangélisation de la France contemporaine à l'approche de la prochaine consultation nationale sur l'évangélisation à Lyon - Francheville et l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne, autant de sujets sur lesquels Stéphane Lauzet s'exprime pour ENroute.

La Consultation Nationale sur l'évangélisation
En Route (ER) : L'Alliance Evangélique Française (AEF) a pris l'initiative du congrès pour l'évangélisation prévu en mars près de Lyon.
Stéphane Lauzet (SL) : C'est une des volontés de l'Alliance, que d'aider les chrétiens à réfléchir et il nous paraissait important de nous associer à ce congrès sur l'évangélisation. Nous ne voulons pas donner de recettes toutes faites, - d'abord parce que nous n'en avons pas -, mais plutôt amener les gens à faire part de leurs propres expériences, à travailler ensemble, à réfléchir ensemble, à bénéficier de l'expérience des uns et des autres, à se laisser instruire les uns par les autres. Voilà pourquoi, à côté des séances plénières, il y a une grande part dans le programme laissé aux ateliers, aux séminaires, qui favorisent l'interactivité.
L'évangélisation en plein laïcisme
ER : Évangéliser aujourd'hui un pays comme la France, annoncer l'Évangile aux Français, on peut penser que la tâche est impossible ou difficile à l'heure du laïcisme aigu qui exclut le religieux, bannit la croix de St Nicolas et le sapin de l'enceinte des collèges ou des écoles, dans le contexte d'une Europe qui exclut toute référence au christianisme dans le préambule de sa nouvelle constitution, alors ?
SL : Je vais même noircir un peu plus le tableau. Je viens de lire que les conseillers municipaux socialistes à Avignon demandent que la crèche, avec ses santons - on est en Provence -, soit enlevée du hall de la mairie, parce qu'on est laïc ; ailleurs, on a enlevé le sapin de Noël dans une école et ailleurs encore on ne chante plus « Au clair de la lune ». On en devient ridicule et cela peut paraître inquiétant. Pourtant le christianisme s'est développé dans un contexte analogue, il faut quand même s'en souvenir. Il a été en butte à l'opposition parce qu'il ne voulait pas être mis au même rang que les autres religions. Les premiers chrétiens l'ont vécu avec courage mais souvent dans les larmes et l'opprobre. Je crois qu'il y a une épreuve de vérité qui se joue, qui va se jouer pour les chrétiens, quels qu'ils soient. Il s'agit de tenir ferme et de parvenir à faire la différence entre la partie culturelle de la foi et tout ce qui reste de l'ordre du fondamental. Je vois cela comme un défi. Ceci étant, c'est vrai que les législations qui se mettent en place et surtout la manière dont certains lisent la laïcité, nous amènent déjà à nous dire qu'il faut changer nos méthodes. Je ne suis pas sûr qu'on puisse forcément tenir de grandes réunions publiques, comme cela s'est fait jusqu'à présent, en tout cas, à l'extérieur de nos lieux de culte.
Intolérances sous couvert de liberté
ER : Est-ce qu'on peut encore s'exprimer clairement, nettement, honnêtement sur des questions sensibles comme l'homosexualité, quand on sait que l'Entraide Evangélique demande le retrait d'un feuillet de calendrier on ne peut plus direct et équilibré sur le sujet ?

SL : Là, il y a un vrai problème. J.-F. Kahn dans un des numéros de Marianne d'août dernier, affirme que l'Église a bien le droit de ne pas penser comme nous. Il souligne le paradoxe d'une société qui prône la tolérance et le pluralisme mais qui dans le même mouvement n'accepte pas que certains puissent dire ne pas être d'accord avec telle ou telle option. D'un côté on demande plus de liberté, et de l'autre on demande de plus en plus de rentrer dans la pensée unique. La question à laquelle personne ne répond pour l'instant est la suivante : au nom de quoi faudrait-il exiger des chrétiens qu'ils renoncent à tout ce qui fait qu'ils restent encore chrétiens ? L'étrangeté de la situation actuelle, c'est qu'au nom même de la liberté de croyance, on exige que chacun ait la même vision du monde, la même morale
Plaidoyer pour une laïcité ouverte
ER : On est très loin de la laïcité ouverte, dont nous sommes les chantres avec d'autres.
SL : Tout à fait, mais, je crois qu'il faut se rendre compte déjà que, par exemple, la laïcité à la française est un leurre. Il y a plusieurs formes de laïcité en France : la laïcité en Alsace et Lorraine ne se passe pas de la même façon qu'à l'intérieur, ni de la même façon que dans les Territoires d'Outre-mer (DOM TOM). Ce qui est mis en avant par les médias, c'est la manifestation d'une laïcité idéologique, le laïcisme, la laïcité de combat, alors qu'il vaudrait mieux vivre, selon l'expression de Régis Debray, une laïcité d'intelligence.
L'entrée de la Turquie au sein de l'UE
ER : Ne soyons pas hexagonaux seulement, l'AEF est connue pour être toujours regardante en matière de droits de l'homme : la défense des minorités religieuses, vous vous y connaissez depuis des lustres. En pays communistes comme en pays musulmans. Le sort de la minorité chrétienne en Turquie ne laisse pas indifférente l'AEF, surtout à l'heure de sa candidature à l'Union Européenne ?
SL : Il existe une Alliance Evangélique en Turquie et le représentant de l'Alliance Evangélique turque est favorable à l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne, parce qu'il pense que c'est quelque chose qui va amener la liberté dans son pays, alors que généralement les Alliances européennes sont plutôt réticentes.
ER : Officiellement, vous ne vous exprimez pas
SL : L'Alliance française ne s'est pas exprimée publiquement là-dessus, ni d'ailleurs l'Alliance européenne. Seule, l'Alliance Evangélique allemande s'est exprimée et de manière très négative, mais c'est vrai qu'ils sont confrontés à un problème d'immigration turc massif.
ER : Mais là où toutes les instances internationales de l'Alliance se rejoignent, c'est sur la question de la liberté religieuse, la fin de toute discrimination contre femmes et minorités.
SL : Ah ça, de toute façon, et le département de liberté religieuse est extrêmement actif avec le travail entre autres de Johann Candelin, qui est cet ambassadeur de bonne volonté auprès des Nations Unies, qui arpente la planète pour défendre les libertés religieuses.
ER : Et vous avez aussi un représentant à Bruxelles, qui milite pour la construction de l'Europe.
SL : C'est un travail de lobbying auprès des députés pour essayer de mettre en évidence les valeurs chrétiennes, dirions-nous.
ER : Donc, l'Alliance Evangélique soutient la cause de l'Europe.
SL : De toute façon, l'Europe est un fait, on est en Europe, on fait l'Europe. Je ne dirai pas que l'Alliance Evangélique soutient ou non l'Europe ; l'Alliance Evangélique veut, je pense comme tout le monde, qu'on vive en Europe aussi bien que possible en paix et dans les meilleures conditions tant matérielles que spirituelles et morales.

 Spectacle « Le prix de la vérité »  avec les Semailles (au parc exposition de Colmar)
Le spectacle sera joué 2 fois le samedi 26 février à 20h00 et le dimanche 27 février à 15h30. Entrée adulte 12 euros / enfants 8 euros
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spectacle@rimli.com