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QUELLE RENTREE POUR LA PAUVRETE ?

Paul Farelly

Président de Emmaüs Beauvais

Les pauvres demeurent toujours parmi nous, même s’ils changent de visage en notre temps de crise. La chronique Actu commune à quatre mensuels (Horizons Évangéliques, Pour la Vérité, Christ Seul et ENroute) donne la parole à Paul Farelly en première ligne dans la lutte contre la pauvreté.


L’abbé Pierre disait souvent « Si demain on déclarait la guerre, on trouverait des moyens pour la mener, alors déclarons la guerre à la pauvreté, sans nous arrêter à la question des moyens ». Ah ! Si cela pouvait se réaliser !

Pourtant même dans une association à but humanitaire et caritatif, la crise est bien là.

La société connaît quant à elle des changements rapides dans tous les domaines. Elle est de plus en plus individualiste, concurrentielle et exclut de plus en plus. La crise financière actuelle accentue et amplifie encore les phénomènes de précarisation. L’objectif de tous les bénévoles d’associations caritatives doit être de montrer que l’action solidaire avec les plus démunis est une véritable alternative sociale, et que les pauvres savent combattre la misère dès lors qu’ils sont rejoints par des hommes et des femmes qui partagent cette conviction.

Les pauvres savent combattre la misère dès lors qu’ils sont rejoints par des hommes et des femmes qui partagent cette conviction

La pauvreté change également de visage. Des jeunes de plus en plus désocialisés frappent à la porte de notre accueil de jour des sans domicile fixe. Des familles entières se retrouvent à la rue. Les personnes âgées s’adressent à notre épicerie sociale parce qu’elles n’ont plus de quoi vivre, etc.

Sur le plan économique, nos magasins de vente de produits donnés, récupérés et réparés ont un chiffre d’affaires qui progressivement diminue alors que la fréquentation augmente. Mais, les clients qui achètent dans nos magasins font de plus en plus attention. De nouvelles activités d’échanges, de troc, de vente d’occasion, de sites Internet se développent et constituent autant de menaces potentielles pour nos activités. Mais surtout, les montants des subventions ne progressent plus alors que les charges augmentent (dues principalement aux hausses de l’énergie et charges salariales).

Que faire pour continuer de servir premièrement les plus souffrants ? Comment agir pour apporter des réponses renouvelées aux détresses humaines ? La réponse est simple : continuer le combat !

Ainsi l’association Emmaüs de Beauvais doit faire face à la rémunération de 45 salariés (dont la moitié sont des contrats de réinsertion) alors que le fruit de nos ventes magasins ne représente que 50 % de nos besoins. Le reste provient des subventions extérieures (ville, département, Région, État). Il nous faut donc aller de l’avant avec confiance et trouver de nouvelles idées, de nouveaux projets de lutte contre la pauvreté et le chômage. Ainsi, venons-nous de créer une activité de déménagement social pour les plus démunis avec des subventions de la ville et du département qui nous aidera à équilibrer nos comptes.

Travail utile et passionnant que tout cela. Les difficultés financières liées à la crise ne doivent en aucun cas nous faire dévier de notre mot d’ordre : ne pas subir, toujours agir.

Photo : Centre Emmaüs Beauvais © Le Courrier Picard