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Un peu de sel, s’il vous plaît


Notre société excelle dans la dérision et la provocation. Entre l’indifférence et l’indignation, quelle attitude préfèrerons-nous ? L’indifférence ou la contestation ? La parole au pasteur Charles Nicolas.

Charles Nicolas, aumônier hospitalier à Alès, Église réformée évangélique

Entre chaud et froid

France Culture, le 29 décembre. Ce dimanche matin, à l’heure habituelle du culte de la Fédération protestante (depuis plus de 70 ans), le programme propose une émission des Francs-Maçons sur les Francs-Maçons. Il est vrai que la différence est parfois peu visible… Mais quand même. À 9 heures, pendant le flash info, le compte rendu d’une étude récente : les religions favorisent-elles le risque de dépression ? On n’est pas sûr, mais la question est posée. Bon dimanche !

Depuis, le culte proposé par la Fédération protestante a retrouvé sa place, attendue notamment par de nombreux croyants âgés qui ne peuvent plus sortir de chez eux.


Provocation

Le Figaro.fr, le 30 décembre 2013. En Allemagne, la Femen qui a perturbé la messe de minuit à la cathédrale de Cologne a été interpellée et risque trois ans de prison. À Paris, la profanation par cette autre Femen qui, le 20 décembre, voilée de bleu ciel, un morceau de foie de veau en main, « s’est dépoitraillée en se tournant vers la nef », selon le curé de la Madeleine, n’avait suscité aucune réaction. Cofondatrice de la branche française des Femen, Inna Shevchenko en rit encore : « Rien ne s’est passé, Éloïse n’a pas été appelée par la police. Cela montre combien l’Église est devenue faible en France… ». En ce « pays progressiste », se félicite la nouvelle Marianne des timbres-poste, « on n’a jamais été condamnées, car il n’y a pas lieu de condamner notre action, voilà tout ».

Depuis, on a appris que la Femen qui avait mimé cet « avortement de Jésus » dans l’église parisienne de la Madeleine a été entendue le mardi le 7 janvier au commissariat du 8e arrondissement de Paris. Convoquée à 11 heures, la jeune femme est sortie de garde à vue après 8 heures d’audition. Selon le Parisien, la Femen risque jusqu’à un an de prison et 15 000 € d’amende.


Restrictions en vue

J’apprends à l’instant que Christiane Taubira dénonce comme suspecte la présence du calendrier La Bonne Semence dans les prisons. Mais le Conseil d’État a donné son aval pour une aumônerie Témoins de Jéhovah dans ces mêmes prisons. Ouvertures et fermetures se conjuguent ainsi chaque jour. Le magistrat est serviteur de Dieu pour notre bien (Rm 13.4), mais il peine dans l’exercice de son service ! Il a besoin d’intercession.

Nous n’avons pas forcément la nostalgie du temps où l’Église régentait tout. Ce n’est pas son rôle. Nous n’attendons pas non plus que l’État contrôle tout. C’est dangereux. Nous ne sommes pas  pour autant indifférents à ce qui se passe dans notre pays, car nous avons une double citoyenneté.


Une formatrice en milieu hospitalier recommande aux personnels croyants de « laisser leur foi au vestiaire ». On entend ce qu’elle veut dire si elle rappelle aux infirmières qu’il faut soigner tous les patients de la même manière, qu’ils soient croyants ou pas. Mais peut-on pour autant demander à un chrétien de laisser là sa foi et de la reprendre en partant ? Ce serait tuer la foi !

Défi à relever

Une des questions qui peuvent se poser est la suivante : les chrétiens sont-ils prêts à vivre dans un contexte de faux Évangile, de dérision, de provocation ? Comment vivre notre double citoyenneté ? En nous souvenant qu’une est passagère et l’autre éternelle. En nous souvenant que Dieu nous équipe pour vivre l’une et l’autre : elles sont différentes mais pas cloisonnées. En nous souvenant que nous devons respecter Dieu et César, mais que Dieu est plus grand. Il demeure souverain en tout lieu, même si cela ne se voit pas, en évitant, en conséquence, de réagir avec trop d’émotion à ce qui nous entoure, tout en y étant sensibles. C’est-à-dire en ne réagissant ni trop fort… Ni pas du tout.