Lettre à Théophile

Samuel Lauber


Cher Théophile, 
L'église célèbre la fête des catéchumènes qui terminent leur instruction biblique. En ce dimanche, le pasteur leur souhaite une cordiale bienvenue; il salue chaleureusement les familles respectives, les amis et toute la communauté réunie devant Dieu dans la reconnaissance au Christ Jésus. Quel plaisir de pouvoir assister à ce culte, déchargé de toute obligation, jouissant de la communion fraternelle où jeunes et vieux d'un commun accord louent le Seigneur des Seigneurs. 
Cependant cet événement heureux fait surgir quelques interrogations. Je me permets de te les soumettre et souhaite connaître ton opinion. Je m'explique. Il est vrai que je n'assiste pas régulièrement aux cultes de la communauté, puisque j'ai le plaisir de faire des remplacements dits pastoraux. Je ne suis donc pas un observateur 'permanent et non - critique' de la vie de l'église. Je ne me permettrais 

pas d'écrire une remarque négative. Je sais aussi que la vie et le comportement des chrétiens évoluent en notre temps. Cependant, il me semble, sauf les exceptions qui confirment la règle, que de nos années, les catéchumènes ne sont pas trop introduits dans le déroulement des cultes dominicaux. Pour quelques-uns - et je ne leur puis faire des reproches - ceux-ci leur demeurent en quelques sorte un terrain vague et inconnu. Certes, ils bénéficient du catéchisme, ils apprennent à connaître la Bible. Mais par le catéchisme ils devraient devenir familiers de la vie de la communauté chrétienne - ce qui se fait par une participation intégrante même au culte. Celle-ci me tient à coeur et je la souhaite ardemment. Je suis bien conscient, que les meilleures dispositions humaines ne créent pas un chrétien engagé. Il nous faut à tous la rencontre personnelle avec le Christ qui aura comme conséquence l'intégration dans la communauté. Toutefois, je soulignerais l'aspect humain, soit l'exercice de la piété, pour citer St Paul. 
Je te soumets, cher Théophile, cette réflexion qui peut-être est quelque peu vieillotte. En effet je suis du début du siècle dernier. Je n'ose d'ailleurs pas trop insister sur l'accompagnement, sur l'exemple des parents. Quand nos enfants étaient d'âge scolaire, j'avais à prêcher à B et ils devaient se rendre à S, un fait qui me causait souvent du « chagrin ». Bien des fois, nous avons peinés de ne pas pouvoir les accompagner. Ceci ne m'empêche pas d'encourager les parents de se rendre avec les enfants au culte dominical. Ce déplacement commun me semble une grâce de Dieu, la réalisation d'un lien qui laissera des traces tout au long de la vie. 
Je suis bien conscient que Dieu a des enfants, et non des petits-enfants, ce qui veut dire que tout un chacun doit répondre à l'appel du Christ et se rendre auprès du Père prêt à accueillir celui / celle qui se met en route pour vivre avec lui. 
Répondras-tu à cette missive? Je te lirais avec plaisir. Fraternellement à toi, S. L.