Le billet d'humeur

Laisser faire, laisser braire, ou vouloir transmettre !

par le pasteur Jean-Ruben Otge

La transmission des valeurs est incontournable, nous explique le pasteur Jean-Ruben Otge loin de la permissivité ou de l’indolence.

Notre société a le souci de la rentabilité ; tout travail est considéré en rapport avec ce qu’on produit. Les conséquences peuvent être dramatiques quand l’être humain n’est considéré qu’à travers ce qu’il produit : on le rejette s’il n’atteint pas les quotas visés.

Mais, pour les parents ou chrétiens que nous sommes, le problème peut être inverse alors et peut empêcher une progression possible : à ne rien viser, on n’obtient… pas grand-chose ; à ne pas savoir que transmettre, on laisse vivoter, ou mourir, ou prendre des directions préjudiciables.

Vouloir

Je pense à trois raisons qui poussent à ne pas vouloir transmettre : avec une certaine idée souveraine de la liberté, on en arrive à l’extrémisme de la non-ingérence (tant dans l’éducation que dans le témoignage ou la vie dans l’église) ; on peut ajouter une conception de la spontanéité (qui exclue une réflexion préalable), le tout sous-tendu par un penchant à la déresponsabilisation et à la passivité (qui résulte de cette capacité à ingurgiter les informations multiples données par la télévision, sans possibilité d’analyse ni de réflexion).

Tout cela provoque (souvent ?) le syndrome du « au-gré-des-flots-je-laisse-aller… » ; je laisse grandir mes enfants sans but précis ; le mot anarchie pourrait correspondre à la vie dans l’église. Et c’est alors que d’autres orientations dominent, tacitement : le plaisir personnel, la possession matérielle, ou la tradition, le fait d’entretenir ce qui existe (encore) ; en fait, c’est ce qui peut-être transpire de ma vie qui est transmis et retenu, même si cela ne reflète pas ma pensée profonde.

Je me souviens de ce père mongol qui avait un but précis pour l’éducation de ses deux fils : la fierté et la patience ; les moyens employés étaient au service de cette volonté. Il s’agit de savoir si cette volonté ne nous manque pas, en tant que parent ou membre d’église…


Comment transmettre ?

J’ai lu une phrase du Talmud qui dit qu’un juif ne l’est ni par son père ni par sa mère mais par ses enfants ; la vérité qui en ressort (qu’on peut appliquer à différents domaines) est relative à ce que nous transmettons. L’important n’est pas l’acte mais le résultat. Nous ne sommes que dans la mesure où nous donnons ; comme le feu qui n’existe qu’en brûlant. L’accent est mis sur ce que l’autre reçoit, et ce, plus à travers notre rayonnement qu’à travers des actes : ceux-ci peuvent être reproduits par nécessité ou conformisme ; le but de la transmission est bien plus d’amener à une décision volontaire (c’est la différence entre copier et imiter).

C’est ce que je suis qui marquera : « Les enfants ferment souvent leurs oreilles aux conseils, mais leurs yeux sont ouverts à l’exemple ». Ce témoignage de Nietzsche (négatif par rapport aux chrétiens) interpelle : « Je croirai en votre Sauveur quand vous aurez l’air un peu plus sauvés ; je croirai en votre Libérateur quand vous aurez l’air un peu plus libérés ».

L'homme d'Espérance

L'homme d'Espérance est un veilleur. 

Il est campé dans les nuits, 

mais l'unique clarté fait chanter son âme. 

L'homme d'Espérance est un veilleur. 

L'homme d'Espérance est un cri. 

Il annonce le jour 

lorsque rien ne le montre. 

Il proclame des pas quand tout paraît désert.

Il crie que quelqu'un vient 

alors qu'on n'attend plus. 

L'homme d'Espérance est un cri. 

L'homme d'Espérance est un cantique. 

Il chante à pleine voix 

pour éveiller les morts. 

(inconnu)


Que transmettre ?

Quels sont les éléments essentiels que je veux communiquer ? Quand je réfléchis sur cet essentiel, c’est en fait la joie de vivre avec Dieu et pour lui, cette joie de vivre pour les autres. Ce témoignage (oral ou vécu) permet de donner envie de le vivre. Pour cela il faut saisir les occasions d’en témoigner, autant dans le cadre de la famille que de l’église ; J’avais mis en l’Éternel mon espérance, il s’est penché vers moi, il a prêté l’oreille à ma supplication. Quand ils verront ce qu’il a fait, beaucoup voudront révérer l’Éternel et lui faire confiance  (Ps 40.2,4).

Même si les moyens de transmission sont importants, l’essentiel est en amont, à la source : ma vie avec Dieu.