Méditation

Mais où est donc passé le sang de Christ ?

Il y a dans le monde des choses mystérieuses, des questions que l'on se pose et qui ne trouvent pas vraiment de réponse. Par exemple il y a le changement d'aspect de nos montagnes : il y a quelque temps elles étaient blanches, recouvertes de neige, mais depuis le retour de la chaleur la neige a fondu, le blanc a disparu. La neige blanche s'est transformée en eau limpide. Où est passé le blanc, où s'en est-il allé ? Un peu de la même façon les chrétiens ont célébré il y a quelques semaines la fête de Pâques, le sacrifice de Jésus. Ils ont évoqué sa mort, son sang qui a coulé en fins filets le long du bois rugueux de la croix et qui finalement s'est répandu on ne sait où
Où est passé le sang de Christ ?
Ne pouvant accepter qu'il ait pu se perdre, absorbé par la terre, les mystiques du Moyen Âge ont forgé une légende : ils ont imaginé que ce sang aurait été recueilli par on ne sait qui dans un vase en or venu d'on ne sait où. Ce vase mystérieux ils l'ont appelé « saint Graal ». Cette coupe aux vertus prétendument miraculeuses aurait été perdue et pendant de longues années de preux chevaliers se sont appliqués à la retrouver, c'est la légende du roi Arthur et des chevaliers de la Table ronde.
Nous ne nous satisferons pas d'une légende, nous voulons vraiment savoir : Où est passé le sang de Christ ? Ce sang a été versé, versé pour nous, mais où ?
Au temps de l'Ancien Testament, le sang des boucs et des taureaux était versé sur un objet très particulier : le propitiatoire, couvercle de l'arche de l'alliance (Lév 16.14-15). Par analogie nous comprenons que le sang de Christ a été versé sur le propitiatoire
Le propitiatoire se trouvait dans le « Saint des Saints », qui était la pièce la plus centrale et la plus mystérieuse du temple de Jérusalem au centre du monde. Il était recouvert par deux chérubins aux ailes déployées.
Ces chérubins nous rappellent un autre texte de l'AT : « Et l'Éternel Dieu le chassa du jardin d'Eden, pour qu'il cultive la terre, d'où il avait été pris. C'est ainsi qu'il chassa Adam. Et il mit à l'orient du jardin d'Eden les chérubins qui agitent une épée flamboyante, pour garder le chemin de l'arbre de vie » (Gen 3.23-24).
Les chérubins, armés d'épées, sont donc les gardiens d'une frontière imperméable. Leurs épées flamboyantes gardent la frontière entre Dieu et les hommes, nul ne peut passer. Ce sont donc ces mêmes chérubins que nous retrouvons sur le propitiatoire, là ils n'ont pas d'épée, ils l'ont remise au fourreau. Mais l'on sent bien qu'ils sont sur le qui-vive et qu'à la moindre alerte ils pourraient la ressortir. Une seule chose les apaise, une seule chose les maintient tranquilles : le sang. Le sang du sacrifice, le sang de Jésus-Christ. Parce que les chérubins sont bloqués, inhibés par le sang, les épées ne sortent pas. La frontière est ouverte, le passage est libre, l'arbre de vie est accessible. Dieu est accessible.
Le propitiatoire recueillait donc le sang des boucs et des taureaux, qui séchait ensuite sur les chérubins et tous les ans il fallait le renouveler pour que les épées ne sortent pas des fourreaux. Mais le sang de Christ ne sèche pas, il coule, il coule encore et ruisselle sur les chérubins. Les épées sont définitivement mises au fourreau, elles n'en sortiront plus jamais, la frontière est ouverte.
Pourquoi le sang de Christ ne sèche-t-il pas ? Parce que Jésus est ressuscité, parce qu'il est vivant pour l'éternité, parce qu'il règne, parce que le Roi a vaincu la mort. Alléluia !
Il est temps de conclure et à cet instant un verset de la Parole s'impose à nous :
« C'est Jésus que Dieu a destiné à être par son sang pour ceux qui croiraient victime propitiatoire » (Rom 3.25).
En fait, le mot « victime » n'est pas dans le texte grec, Jésus nous est présenté comme étant lui-même le « propitiatoire », c'est-à-dire celui qui nous rend Dieu propice.
Jésus est bien une victime, car son sang a coulé, il a fait l'expiation.
Jésus est aussi le sacrificateur, celui qui a immolé la victime sur l'autel, qui a recueilli son sang et qui l'a porté à travers le temple vers le « Saint des Saints ».
Mais Jésus est plus que cela, il est aussi et enfin le propitiatoire, l'objet sur lequel le sang a coulé, ce sang qui bloque l'épée des chérubins et ouvre le chemin du ciel et qui en plus nous rend Dieu favorable.
C'est ici le message du salut et ce message est éternel parce que Jésus est ressuscité et qu'il est vivant pour l'éternité.
C'est Jésus que Dieu a destiné à être par son sang, pour ceux qui croiraient, propitiatoire.
Jean-Marc DONNAT