Méditation

Vers plus d'équité
« On t'a fait connaître, ô homme, ce qui est bien
Et ce que le Seigneur demande de toi
C'est que tu pratiques la justice
Que tu aimes la miséricorde
Et que tu marches humblement avec ton Dieu »
Mi 6.8

Une inégale répartition
Lorsque nous examinons l'Écriture, nous nous rendons compte que l'inégale répartition des biens matériels ne correspond pas à la volonté de Dieu. 
Ainsi, dans l'Ancien Testament, lorsque le Seigneur confie à Israël la terre promise, il en ordonne un juste partage, afin que chaque tribu et chaque famille aient son lot de terre (Nb 34, Jos 14.1-5). Et si, pour différentes raisons, une famille se trouve obligée de vendre sa terre, tous les 50 ans la loi sur le jubilé remet les pendules à zéro : chacun retrouve la terre léguée par le Seigneur (Lv 25).
Au travers de la loi mosaïque, nous voyons combien Yahvé se soucie des plus faibles, dans une société où il n'existe ni assurance maladie, ni caisse de retraite! En effet, les démunis sont des proies faciles pour les exploiteurs qui, de tout temps, n'ont jamais manqué, même en Israël. C'est pour cela que la loi mosaïque contient bon nombre de clauses relatives au bien-être des pauvres, des veuves, des orphelins et des étrangers. Car Yahvé est un Dieu juste et compatissant qui demande à son peuple d'agir selon sa justice et sa bonté.

Jubilé 2000
Voulant reprendre l'idée du jubilé de Lv 25, bon nombre d'associations chrétiennes (y compris évangéliques) avaient lancé le projet «Jubilé 2000». Ils demandaient que les pays les plus riches de la planète annulent les dettes contractées par les 41 pays les plus pauvres. 24 millions de signatures avaient été collectées, ce qui représente un record en la matière! Malheureusement, les résultats furent en-dessous de ce qui avait été demandé, puisqu'il y a eu résorption d'une partie seulement de la dette des 22 pays les plus pauvres. Mais c'est tout de même une aide non négligeable qui a été apportée à ces quelques nations.
Les responsables de «Jubilé 2000» étaient bien conscients que l'aide aux pays pauvres ne pouvait s'arrêter à la simple annulation de leur dette et que celle-ci ne réglerait pas les problèmes de fond. Mais, cette aide avait au moins l'avantage d'apporter une bouffée d'espoir à ces populations vivant dans une économie étranglée par une dette insurmontable.


Une très large corruption
Bien sûr, nous savons que les gouvernements de certains de ces pays pauvres, ainsi que les mouvements d'opposition, achètent des armes au lieu d'acheter des semences et qu'à cause de leur soif de pouvoir ces responsables entraînent leurs compatriotes dans des guerres sans fin. Mais nous ne devons pas oublier la responsabilité de nos pays riches qui, par intérêt politique et / ou économique vendent des armes, soutiennent des dictatures ou aident financièrement des pays, tout en sachant que la majeure partie de cet argent passe dans les poches des dirigeants et de leur familles. Et que dire des lobbies et autres grands groupes industriels qui s'enrichissent au détriment des économies locales Le «procès Elf» a montré une partie de l'étendue de la corruption qui règne dans certains milieux, avec des sommes faramineuses qui circulent, changent de main, corrompent, achètent. A ce niveau, nos pays occidentaux sont loin d'être des modèles de vertu!


Que pouvons-nous faire?
Même si nous ne sommes que de simple citoyens, nous ne pouvons nous contenter de rejeter la faute sur nos dirigeants politiques et économiques. En effet, dans nos sociétés dites de consommation où l'abondance matérielle cache une grande indigence morale et spirituelle, nous ne devons pas oublier que notre puissance économique a été bâtie, en partie, sur le dos des économies de ces pays « sous-développés ». Nous ne pouvons pas non plus ignorer que beaucoup de produits manufacturés que nous achetons sont fabriqués par des enfants ou par des ouvriers surexploités.
C'est pourquoi, ne faisons pas reposer la responsabilité sur les autres, mais posons-nous cette question : est-ce que j'accepterais de payer plus cher des produits uniquement fabriqués par des sociétés qui payent honnêtement leur personnel ? Bien sûr, en agissant ainsi et en m'engageant en faveur d'un commerce plus équitable, je serai certainement amené à posséder moins. Mais ne serait-ce pas faire oeuvre de justice, comme le demande le Seigneur?


Inutile?
C'est vrai qu'en nous engageant dans cette direction, nous aurons l'impression de ne pas changer grand-chose. Mais d'autres personnes de bonne volonté nous attendent sur ce chemin. Et comme l'a écrit le pasteur WAGNER: «Ne te laisse pas aller à ne rien faire parce que tu ne peux pas tout faire. Accomplis de bon coeur, tranquillement, le peu dont tu es capable. Et ne permets pas au regret de tant de choses que tu ne peux accomplir de t'enlever le courage des actions possibles.» 
Nous, méthodistes, ne devons pas oublier l'énorme influence qu'eurent John WESLEY et ses successeurs sur la société anglaise. Jésus ne nous demande pas de renverser le cours du monde, il s'en chargera lorsqu'il reviendra Il nous demande d'y injecter une logique différente. En tant que «sel de la terre» et «lumière du monde» (Mt 5.13-16), nous pouvons le faire ! A nous de saisir les enjeux de nos choix personnels et de notre mode de vie. N'oublions pas que nous évoluons dans une société où tout est fait pour attiser notre convoitise. Il n'y a qu'à constater l'énorme influence qu'a sur nous la publicité, véritable outil de propagande. Elle cherche à nous faire croire que le superflu est indispensable et que notre bien-être, notre bonheur, notre réussite sociale passent par l'achat de tel ou tel produit. De plus, l'ultra individualisme dans lequel nous baignons nous pousse à toujours réclamer davantage pour nous-mêmes. 
Ne vivons donc pas sous le règne du «chacun pour soi», mais «cherchons premièrement le royaume de Dieu et ce qui est juste à ses yeux» (Mt 6.33), sans nous laisser décourager par l'immensité des besoins à combler.
«Car, si la pierre disait: " Ce n'est pas une pierre qui peut monter un mur " il n'y aurait pas de maison!
Si la goutte d'eau disait: " Ce n'est pas une goutte qui peut faire une rivière " il n'y aurait pas d'océan!
Si le grain de blé disait: " Ce n'est pas un grain de blé qui peut ensemencer un champ " il n'y aurait pas de moisson!
Si l'homme disait: " Ce n'est pas un geste d'amour qui peut sauver l'humanité " il n'y aurait jamais d'amitié et de paix sur la terre."
Pascal GAUDIN (Anduze)