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Le Français est inquiet

par Alexandre Nussbaumer, pasteur de l’Eglise évangélique mennonite

Rubrique commune à 4 journaux évangéliques (Christ seul, Construire ensemble, Pour la Vérité et ENroute). Le pasteur A. Nussbaumer analyse un sondage souligne l’anxiété chronique de nos contemporains.

Défiance et crainte

Le saviez-vous ? C’est un des résultats d’une grande enquête menée fin 2007 (« Les réalités sociales françaises à l’aune européenne » dont des résultats partiels ont été présentés le 29 octobre 2007 par le centre d’analyse stratégique. Téléchargeable. Une enquête européenne qui nous présente un Français paradoxal. Ce Français avoue être plutôt plus heureux que l’Européen moyen, être fier de son modèle social jugé exemplaire, vivre dans un pays plus riche et mieux armé contre les inégalités que ses voisins européens. Et pourtant, ce Français détonne par deux traits de caractère :

— La défiance : il tolère mieux que ses voisins la fraude fiscale, la fraude dans les transports ou encore la fraude aux aides publiques. Il fait moins confiance aux autres, moins confiance aux syndicats, au parlement, à la police ou à la justice.

La crainte de l’avenir : 71 % des Français (contre 47 % des Européens) voient la mondialisation comme une menace et 76 % des nôtres (contre 64 % des Européens) pensent que la vie de leurs enfants sera plus difficile que la leur ! Nous sommes 86 % à penser qu’il peut arriver à n’importe qui de tomber dans la pauvreté au cours de sa vie, contre 62 % dans l’Europe des 25.

Causes multiples

Comment expliquer le caractère anxieux des Français ? Certains invoquent une réalité économique morose avec par exemple un taux de chômage plus élevé qu’en Europe et qui pénalise particulièrement les jeunes. D’autres y voient une logique plus criminelle, dénonçant l’emprise médiatique qui nourrit abondamment nos craintes de tous ordres : écologiques (Je recommande à titre d’exemple le point de vue de Luc Ferry sur le Grenelle de l’environnement.), économiques, sociales et sanitaires…

Sans chercher d’autres causes, je propose plutôt de réfléchir aux solutions.


Au clin d'œil de ceux qui l'attendent dans le clair-obscur de l'histoire répond le sourire tranquille de Celui qui tient déjà en sa main le présent et l'avenir, comme il a pris en charge notre passé. Voici, je viens bientôt, conclut le veilleur de l'Apocalypse. (Inconnu)

Et nous ?

Tout d’abord pour nous-mêmes. Nous identifions-nous à ce Français plutôt heureux, mais défiant et anxieux ? Le contraire m’étonnerait ! Et pourtant, ne vivons-nous pas aujourd’hui dans le Royaume qui s’est approché avec la venue du Christ (cf. Mt 3,2) ? N’avons-nous pas déjà commencé à vivre avec Dieu par son Esprit qu’il nous donne pour venir au secours de notre faiblesse (cf. Rm 8,26) ? N’avançons-nous pas chaque jour vers la pleine réalisation des promesses d’un Dieu qui dit être avec nous chaque jour jusqu’à la fin du monde (cf. Mt 28,20) ? Voilà à mon avis une vision plus nourrissante que celle des scandales médiatiques qui ancrent dans nos esprits la peur de la baisse du pouvoir d’achat, de la recrudescence des cancers et des catastrophes écologiques du réchauffement climatique.

Et les autres ?

Et puis, que pouvons-nous faire pour les autres ? Quelle belle opportunité de retrousser nos manches et de surfer sur cet état de peur. Si Dieu nous a placés dans un pays d’angoissés, n’est-ce pas pour donner force à son Évangile ? Alors pourquoi l’église (cf. Ac 17,22-34), debout partout en France, ne proclamerait pas : « Hommes (et femmes) français, je vous trouve à tous égards extrêmement anxieux. Car en parcourant vos séries télévisées, vos journaux et en considérant vos contrats d’assurances et vos grèves, j’ai même découvert un autel avec cette inscription : « A une solution d’avenir, inconnue à nos peurs ». Ce que vous révérez sans le connaître, c’est ce que je vous annonce. Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s’y trouve, étant le Seigneur du présent comme de l’avenir, est venu apaiser vos craintes et placer dans vos cœurs l’espérance… »