Le salut

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Le sens du salut selon John R.W. Scott et René Padilla

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Une main tendue, appel au secours, peinture murale à Arles, © jpw



Voici le sens du salut selon John R.W. Scott au Congrès de l’évangélisation mondiale à Lausanne (1974). 

Le salut par la foi en Jésus-Christ crucifié et ressuscité est moral et non matériel. Il est une une délivrance du péché et non du malheur. Si Jésus a dit: « Ta foi t'a sauvé » (Mc 5.34 ; 10:52 ; Lc 17.19), c'est parce que ses œuvres de guérison et de secours en toutes circonstances (voir aussi Mt 8.25 ; Mc 15.30-31) étaient des signes voulus de son salut, compris comme tels par l'église primitive. 

L'humanisation, le développement, la libération, la justice, etc., ne constituent pas le salut que Dieu offre au monde en Jésus-Christ. Appeler la libération socio-politique « le salut », c'est brouiller ce que les Ecritures gardent si distinct : Dieu le créateur, Dieu le rédempteur, la justice et la justification, la grâce naturelle et la grâce qui sauve, la réforme de la société et la régénération de l'homme. Si le salut biblique n'est ni un ensemble psycho-physique, ni une libération socio-politique, c'est une liberté personnelle à l'égard du péché et de ses conséquences qui amène maintes répercussions sur le plan de la santé et de la responsabilité sociale. Sur de nombreux plans, la libération (personnelle et non économique ou sociale) est aujourd'hui un bon terme pour désigner « le salut» parce qu'elle implique non seulement le secours dont le pécheur a besoin, mais aussi la liberté dans laquelle sont introduits les libérés. 

Les Ecritures soulignent non pas notre délivrance de nous-mêmes, de la corruption, du jugement, mais la liberté de nous approcher de Dieu comme de notre Père (Rm 8.14-17 ; Ga 4.4-7), la liberté de servir (Romains 6:22; 2 Corinthiens 4:5), et enfin la « liberté de la gloire» (1Th 5.8; Rm 8.24), lorsque, débarrassés de toutes les limitations de notre existence charnelle, nous pourrons nous donner sans réserve à Dieu et à notre prochain.

Lors du même congrès, René Padilla d'Argentine, a ajouté quelques commentaires sur le sens du salut.

L'Evangile de Jésus-Christ est un message personnel; il révèle un Dieu qui appelle chacun des siens nominalement. Mais c'est également un message cosmique; il révèle un Dieu dont le dessein inclut le monde entier. Il ne s'adresse pas à l'individu per se, mais à lui en tant que membre de l'humanité remontant à Adam, marquée par le péché et la mort, que Dieu appelle à être intégrée dans la nouvelle humanité en Christ, marquée par la justice et la vie éternelle. 

… Evangéliser, c'est annoncer le Christ Jésus, Seigneur et Sauveur, par l'œuvre duquel l'homme est délivré tout à la fois de la culpabilité et de la puissance du péché, et intégré dans le plan de Dieu: placer toutes choses sous la domination du Christ. 

Il n'y a pas de véritable prédication de l'Evangile sans l'annonce de Jésus-Christ, Seigneur de tout, à la lumière de l'autorité universelle de laquelle toutes les valeurs du siècle présent deviennent relatives. Evangéliser, c'est annoncer Jésus-Christ, celui qui règne aujourd'hui et continuera à régner «jusqu'à ce qu'il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds» (1Co 15:25). La christologie cosmique du Nouveau Testament est un élément essentiel de la proclamation de l'Evangile.  …

Si Jésus-Christ est Seigneur, les hommes doivent être confrontés avec son autorité sur la totalité de la vie. L'Evangélisation n'est pas, et ne peut pas être, une simple offre de bienfaits accomplis en Jésus-Christ. L'œuvre de Christ est inséparable de sa personne. Le Jésus mort pour nos péchés est le Seigneur de tout l'univers, et l'annonce du pardon en son nom est inséparable de l'appel à la repentance, l'appel à se détourner des « dirigeants de ce monde» pour se tourner vers le Seigneur de gloire. Le salut inclut l'homme tout entier et ne peut être réduit au seul pardon des péchés et à l'assurance d'une vie sans fin avec Dieu, au ciel. Une mission vaste correspond à une perspective du salut non moins vaste. Le salut est intégral. Le salut est une humanisation totale. Le salut, c'est la vie éternelle - la vie du Royaume de Dieu - la vie qui commence présentement ; il touche tous les aspects de l'être humain.

Extrait du livre

Évangéliser le monde entier, WWP, 1974 Pages 12-16