Connexio

La mission confiée à l'Eglise (1)

Etienne Rudolph, pasteur

Pour cette page Connexio, vous trouverez toutes sortes d’informations, de nouvelles, de réflexions, d’idées qu’il appartient à chacun de méditer, de discuter, de faire siennes… Peut-être nos lecteurs ont-ils des questions ou des demandes au sujet de la Mission qu’ils aimeraient poser et partager à l’ensemble des lecteurs… Ceci contribuerait certainement à enrichir le débat et permettre à cette page de répondre aux attentes et souhaits des uns et des autres. Faites-en part au rédacteur qui transmettra au comité de Connexio. Pour ce numéro d’ENroute et celui du mois prochain, nous vous proposons une réflexion biblique qui, nous l’espérons, alimentera notre compréhension de la Mission confiée à ceux et celles qui veulent s’engager pour Dieu en servant l’autre. À lire et à travailler en solo ou en groupe…

Dans le livre des Actes des Apôtres, chapitre 1 verset 8, Jésus à dit ses disciples :… Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre.
Pour notre réflexion de ce mois nous nous focaliserons sur le fait d’être témoins. Qu’est-ce que c’est, qu’est-ce que cela signifie, qu’est-ce que cela implique ? Autant de questions dont les réponses paraissent évidentes et pourtant…
Être témoin ou rendre témoignage sont des expressions importantes dans la tradition biblique. L’un des Dix Commandements nous avertit contre le faux témoignage (Ex 20.16) parce que de la bouche de ceux qui témoignent peut dépendre la vie de ceux qui sont en procès (Pr 14.25 ; 19.28). Les témoins peuvent être non seulement des personnes, mais aussi des objets : les pierres (Gn 31.48 ; Jos 24/27), les animaux (Gn 21.30), la loi (1R 2.3) et l’arche de l’alliance (Ex 26.23). Dieu lui-même est invoqué comme témoin un grand nombre de fois tant dans l’AT (Gn 31.50) que dans le NT (1Th 2.5 ; 2 Co 1/23). L’Evangile aussi est appelé à être « témoignage » (Mt 24.14) et Jésus est le « témoin fidèle » (Ap 1.5). Ces quelques versets suffisent à montrer l’importance du thème dans la Bible.
Dans la Bible, le témoin a d’abord une fonction légale. Dans ce cas, il s’agit du même sens que nous avons dans notre quotidien. Celui qui a assisté à un événement, un accident par exemple, est appelé à témoigner de ce qu’il a vu ou entendu. On attend alors du témoin qu’il soit objectif, impartial et de confiance. La justice ne peut être exercée que lorsque les témoins sont crédibles. Le procès de Jésus, avec ses faux témoins, est l’exemple biblique le plus clair à ce sujet (Mt 26.60).
Le deuxième sens du témoin dans les Écritures, est plus subjectif et concerne davantage la conviction intime d’une personne que son objectivité. Souvent ce témoignage-là se réfère à des questions d’ordre plus éthique ou de croyance, avec une compréhension déterminée de la réalité. Un exemple pour comprendre ce type de témoignage nous vient de Jean, à la fin de son Evangile quand il écrit : C’est ce disciple qui rend témoignage de ces choses et qui les a écrites. Et nous savons que son témoignage est vrai. (Jn 21.24) La communauté des croyants fait confiance à ce témoignage, c’est-à-dire exprime sa foi dans ce qui est écrit. Elle fait partie de ces heureux dont parle Jésus quand il a dit à Thomas : Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui croient. (Jn 20.29). Aujourd’hui, nous n’avons pas vu de nos yeux les événementshistoriques relatifs à la vie de Jésus par exemple, mais par des témoignages comme celui de Jean, nous les croyons vrais. En les acceptant, nous exprimons notre confiance dans ces témoignages, et par-là, ils fondent notre foi et notre certitude chrétienne. L’Esprit Saint bien sûr y est pour beaucoup.
Enfin, le troisième sens montre le témoin en ce qu’il s’engage par sa propre vie. Le mot « témoin » en grec est celui de « martyr ». C’est le livre de l’Apocalypse qui applique ce sens de martyr – c’est-à-dire témoin en s’impliquant jusqu’au bout – aux croyants morts pour le Seigneur. Dans ce troisième sens, le témoin n’expose pas seulement un fait qu’il a vu ou une conviction qu’il a, mais il met en jeu sa propre vie, il s’implique dans son témoignage.
Nous pouvons constater qu’être témoin ou rendre témoignage dans tous les sens du terme oblige à un engagement, à une prise de position personnelle. Nous remarquerons que le témoignage dépasse très vite l’idée de partir au loin comme « missionnaire » outre-mer, ou de réserver une attitude et un comportement à une situation donnée. La vraie question est de savoir ce qui fait de nous des témoins véritables ? Comment laissons-nous l’Esprit du Dieu vivant agir en nous dans notre présent, ici et maintenant ? Notre vie personnelle, les moyens dont nous disposons tant au niveau matériel qu’au niveau des possibilités que chacun a (capacités intellectuelles et physiques, caractère et personnalité…) sont-ils au service de ce témoignage ? Questions difficiles parce qu’elles en soulèvent bien d’autres et touchent à nos compréhensions et nos convictions parfois intimes de l’expression de notre foi. C’est vrai, mais il vaut la peine de s’interroger et d’avancer sur le chemin avec ces réflexions-là parce qu’au fond la question touche à la cohérence de chacun dans son engagement avec Dieu. Comment vivre et dire Dieu aujourd’hui de façon cohérente ? Et jusqu’où ? Nous tenterons d’y répondre le mois prochain !
(À suivre)

Questions pour continuer la réflexion :
1. Qu’est-ce qui fait de nous des témoins ? Qu’est-ce qui peut faire de nous des « témoins crédibles » ? Comment le Saint Esprit agit-il en nous pour que nous puissions être des témoins ?
2. Existe-t-il des « modèles » de témoignage ou un témoin ne peut-il s’exprimer que de façon qui lui est propre ? Jusqu’à quel point Jésus, Pierre, Paul nous inspirent-ils comme témoins ?
3. Connaissons-nous des témoins (personnes ayant souffert – martyrs) de l’Evangile d’aujourd’hui ou des siècles passés ? Comment nous en souvenons-nous ? Quels exemples nous laissent-ils pour nous en inspirer aujourd’hui ?