La vie de notre Église

Absolue dignité

«La dignité, c’est...» Tel est le thème de la Conférence annuelle Suisse/France/Afrique du Nord de l'Église méthodiste unie (EEM) qui s’est tenue du 6 au 9 juin 2013 à Berne. 

JP Waechter


Cène

D’entrée de jeu, Gunnar Wichers, pasteur à Berne, suggérait que la dignité humaine ne pouvait être reconnue que dans le respect de l'homme avec ses forces et ses faiblesses. Il soulignait que cette dignité se manifeste dans le signe de la sainte cène: «Aux yeux du Christ qui nous invite à sa table, nous sommes invités en tant qu’individus à cette communion. Le Christ nous accepte en tant qu’Église évangélique méthodiste Suisse/France/Afrique du Nord notamment dans nos différences».


Dans son introduction de la sainte cène, Matthias Fankhauser, pasteur à Berne, a souligné que la croix de Jésus de Nazareth brille à travers le labyrinthe de la vie.

L’immobilier

La première séance plénière de la CA 2013 aborde la question épineuse de l’immobilier. Les délégués entament une discussion de fond sur la gestion des immeubles. Matthias Bünger, président du Comité directeur suisse précise d’emblée qu’on attend des responsables de l’EEM qu’ils soient « des gérants intelligents », y compris pour ce qui est de la gestion des biens fonciers.
Pour introduire le débat, les pasteurs Sigmar Friedrich et Markus Da Rugna ont présenté le sujet sous un angle théologique. De ces études et des débats qui ont suivi, une conclusion s’impose : la direction de l’Église veillera à ce que les propriétés immobilières et leurs revenus entrent toujours dans une logique de service. Le jour où cela n’est plus le cas, il lui importe de prendre les bonnes dispositions, à savoir vendre ces propriétés immobilières qui ne servent plus à des fins ecclésiales et sociales.

Soirée francophone

La soirée se déroule entre délégués francophones dans les locaux de l’Église évangélique libre de Berne sous la direction du surintendant Etienne Rudolph. Avec les délégués d’Afrique du Nord, le pasteur Daniel Nussbaumer présente la situation de l’Église méthodiste en Algérie et en Tunisie.

Si Alger est toujours en quête de locaux, Constantine vit d’heureuses évolutions, dont le baptême d’un ancien imam et la vie d’église à Laarba se poursuit activement avec plusieurs baptêmes depuis le début de l’année et une forte fréquentation au culte (350 personnes) et des projets de développement prometteurs (agriculture et boulangerie traditionnelle). En Tunisie, le couple Nzambe participe à la fois à l’essor de la paroisse réformée et au développement de la station méthodiste de Montfleury (foyer d’accueil pour étudiantes, lieu de rencontres et de formation pour étudiants) et travaille à des réunions interreligieuses (projet de conférences sur «le visage de Moïse dans les traditions juive, chrétienne et musulmane»).

Le surintendant termine la soirée en remettant un Règlement de l’Église dans sa version imprimée à l’intention de tous les conseils d’église du district francophone.

Rapport des surintendants

Etienne Rudolph, le surintendant du district francophone, a présenté cette année le rapport des surintendants à la Conférence annuelle. Il fonde  le rapport sur la situation de l’EEM en France et sur les difficultés qu’elle rencontre dans la réalisation de sa mission.

Laïcité

L’EEM est une mini église en France : le district francophone représente à peine 1/6 de la Conférence annuelle, soit 22 églises locales en France. La société sécularisée écarte Dieu de façon sournoise ou visible.  Les questions religieuses sont parfois à peine tolérées dans la sphère publique. Alors se pose la question du témoignage chrétien dans un environnement aussi défavorable. Comment réagir face au problème épineux de la laïcité ? Comment être témoin de l’Évangile dans un contexte aussi défavorable ?

« Le fondement de notre action est d’amener les uns et les autres à devenir témoins et disciples de Jésus-Christ pour transformer le monde... Nous voulons relever ce défi en raison de l’espérance en Jésus-Christ qui nous habite », déclare le surintendant en conclusion de son rapport : «Le fondement de notre témoignage est notre commune espérance dans le Dieu de la vie, c’est permettre que la vie refleurisse dans le nom de Jésus-Christ. C’est amener des hommes et des femmes à devenir disciples de Jésus-Christ ».

Le Conseil stratégique, du Cabinet et du Comité directeur 

QUEL TÉMOIGNAGE POUR UNE ÉGLISE MINORITAIRE DANS UN MONDE INDIFFÉRENT?

CONCLUSION

Témoigner du Dieu de la Vie : un défi qui n’est pas nouveau, et pourtant...


Réformes structurelles

La Conférence annuelle 2013 a longuement débattu du projet de nouvelles structures dirigeantes. Après d’âpres discussions, les délégués ont adopté le nouvel organigramme qui simplifie le déroulement des diverses tâches et évite les chevauchements. Il devra être affiné d’ici la Conférence 2014. De cet organigramme se dégage une structure de direction claire et nette qui se révèle absolument nécessaire en regard des défis à venir, commente le responsable laïc à la CA, Markus Voegelin.

La nouvelle structure prévue dans le nouvel organigramme renforcera la collaboration au sein de l’Église, simplifiera la communication et évitera les doublons. Ces deux organes, ainsi que le Conseil stratégique, formeront dès à présent un seul comité, qui dirigera les affaires de l’Église entre les CA.

Connexio 

Connexio face à ses nouveaux défis

Connexio, le réseau pour la mission et la diaconie de l'Église évangélique méthodiste (EEM) de Suisse, France et Afrique du Nord, a adapté ses structures en raison des changements survenus dans son environnement et en réseau avec d'autres organisations, ce que montre le rapport de Connexio présenté à la Conférence annuelle.

À la fin de 2012, une nouvelle structure a été mise en place qui devrait simplifier les processus de décision et soulager les bénévoles de tâches qui requièrent une haute expertise technique.

Le conseil d'administration  ainsi qu’un certain nombre de commissions sont restés en place, mais les responsables des commissions ne sont plus membres du conseil d’administration et le conseil d'administration a été réduit.

Pour favoriser le partage et l’apprentissage mutuel a été créée une nouvelle instance: la conférence Connexio à laquelle tous les bénévoles ainsi que les employés sont invités deux fois par an. La Conférence annuelle donne son accord aux ajustements apportés aux lignes directrices de Connexio.

Dons en recul

Les entrées en 2012 e sont élevées à environ 2,5 millions de FS, dont environ 2 millions FS proviennent de personnes et de communautés en Suisse et en France. Même si le montant des dons est en recul, il s'agit encore d'une somme impressionnante. Connexio remercie tous les donateurs. 

Remise de prix

Dans le cadre de la Conférence annuelle, Connexio a déclaré les lauréats du concours 2013 de projets missionnaires et diaconaux:

1: Itinéraires les yeux ouverts à Berne

2: journal de quartier "Jurablick" à Olten

3: lieu culturel à Strengelbach

Un prix spécial a été attribué à l’EEM de Caveirac (sud de la France) pour les cours dispensés aux demandeurs d'emploi.

La dignité à l’ordre du jour

Sur le thème même de la Conférence annuelle « La dignité c’est... », les membres et amis de l’EEM ont pu visiter l’exposition préparée sur ce thème par l’EEM de Berne et suivre le samedi matin, une conférence de Stephan Marks. Notion abstraite pour beaucoup, la dignité prendra un cachet très concret au fil des interventions.

Stephan Marks

Premier intervenant de la matinée, le professeur Stephan Marks, expert en sciences sociales à Fribourg en Brisgau. Grâce à ses exemples tirés de la vie de tous les jours, Marks est parvenu à captiver le public présent.

D’un point de vue psychologique, la dignité s’oppose à la honte. Pour découvrir la face positive de la dignité, il suffit de voir en face la honte, là où elle se niche. Selon Stephan Marks, la honte destructrice peut se déclencher de quatre manières:

  • Par l’absence de respect des personnes,
  • Par des atteintes aux personnalités, 
  • Par un comportement perturbant
  • Par un transfert de culpabilité, par exemple, dans des situations de guerre.

„Espaces où la honte a lieu d’être“

Les églises pourraient offrir des espaces contre la honte, a souligné à plusieurs reprises Stephan Marks. L’accompagnement pastoral pourrait aider à guérir ceux qui souffrent d’un déficit de reconnaissance. Les églises sont censées développer le sentiment d’appartenance plutôt que le sentiment d'exclusion et ses membres peuvent exprimer librement des sentiments très délicats et afficher leurs faiblesses.

Une discussion en petits groupes tend à vérifier la capacité d’intégration et le sentiment d’appartenance dans nos communautés locales.

Le thème de la conférence fut repris encore plus concrètement dans les discussions de groupe, où l’on a échangé sur les forces et les faiblesses de l'EEM. 

«La dignité était pour moi jusqu'alors une formule enflée, une parole creuse, un vain mot. Je commence maintenant à en saisir le sens», sur ces mots, le pasteur Simon Zürcher a conclu le débat mené sur la «dignité».

Discussions en groupe

Dimanche, culte d’ordination

Le dimanche, la Conférence annuelle s’est terminée avec le culte d’ordination à la Kursaal de Berne le dimanche après-midi et entre autres à l’intégration à titre probatoire des pasteurs Patrice Virgin et Antoine Da Silva (absent) engagés dans le cadre de l’UEEMF.

Pour sa prédication, l’évêque Patrick Streiff a abordé l’histoire biblique de l’officier de Capernaüm  (Lc 7,1-10) où affleure la question du respect et de la dignité. Et c’est l’une des rares histoires où une personne entre en contact avec Jésus par l’intermédiaire d’autres  personnes.

Pour l’évêque, «nous sommes invités - comme intermédiaires - à devenir les avocats des autres et à fonder, avec eux et pour eux, leur confiance sur la parole du Christ qui relève. Et nous sommes – avec l’officier – invités à fonder notre confiance sur la puissance de la Parole de Dieu. Les deux, les intermédiaires et l’officier attendent la parole libératrice et salvatrice de Dieu. Les deux ne l’attendent pas d’abord pour eux-mêmes, mais pour d’autres. C’est ainsi que des personnes en arrivent à suivre Jésus Christ, afin que la puissance transformatrice du Christ mette son empreinte sur ce monde ».  

‘Appartenance’

Si je regarde notre église du point de vue du sujet «Appartenance» = 

De quelles situations est-ce que je me rappelle ?

Où sont nos points forts ? Qu’est-ce que nous devrions conserver, renforcer ?

Où sont nos déficits ? Que devrions-nous changer ?

  • L’appartenance spirituelle et ecclésiale doit dépasser, surmonter les appartenances ethniques, linguistiques et générationnelles.
  • Nous n’appartenons pas à l’église, parce que notre famille appartient à l’église. L’église ne nous appartient pas, c’est nous qui appartenons à Jésus-Christ. Cela demande de l’humilité et de l’ouverture à l’autre.
  • L’enseignement biblique doit être au coeur de l’église et déteindre sur nos vies. Une certaine appartenance est nocive lorsqu’elle bloque la vie spirituelle au lieu de la favoriser, dans une recherche de pouvoir au lieu «du pouvoir du service» (Pape François).
  • Repérer rapidement, valoriser les dons de chacun pour le service commun.
  • Favoriser les petits groupes : groupes de maison, de quartier pour que l’on apprenne à mieux se connaître, à intégrer les nouveaux, sans que cela devienne un club, tout en conservant la ferveur missionnaire.
  • Déplacer l’église de la zone loisir, secondaire à la zone prioritaire.

Dossier complet sur le net (12 pages), y compris un diaporama.

CA 2013 de l’EEM Suisse/France/Afrique du Nor