Cinéma

Échos du Jury Oecuménique au Festival de Cannes 2015

Pasteure Denyse Muller



D’un festival à l’autre, Interfilm tend à être présent et à présenter un témoignage chrétien ad hoc.

Au cœur du Festival : un jury œcuménique

Lorsqu’on participe aux différents festivals internationaux de cinéma, on se rend compte que Cannes reste, à ce jour, le modèle de référence souvent cité. Les jeux olympiques n’ayant lieu que tous les quatre ans, Cannes est et reste le plus grand événement médiatique annuel mondial. À cause des paillettes ! Bien sûr il y a le défilé des stars sur le célèbre tapis rouge, la médiatisation à l’extrême, les centaines de starlettes en herbe, les milliers de badauds attendant nuit et jour pour obtenir une photo, une signature…

À cause des paillettes ? Non, et d’ailleurs la foule des spécialistes ne s’y trompe pas : 4 500 journalistes venus de 130 pays, 30 000 accrédités professionnels, la projection de centaines de courts et longs métrages et parmi les jurys officiels : un jury œcuménique présent à Cannes depuis 1974, soit pour la 42e année consécutive. C’est un honneur, une chance donnée à des chrétiens représentant divers pays du monde de faire des choix, de proposer une histoire, des images qui nous font réfléchir, nous bousculent, nous interpellent, une histoire, des images qui ouvrent des chemins de vie et d’espérance, et nous disent à leur manière l’Évangile.

Une présence,

un témoignage chrétien et œcuménique

Les jurés œcuméniques sont nommés par les organisations internationales du cinéma : INTERFILM pour les protestants et SIGNIS pour les catholiques. Cette année INTERFILM a nommé le pasteur Andrew JOHNSTON (Kingston, Canada) Jolyon MITCHELL (Royaume-Uni) Barbara LOREY (France) et SIGNIS a désigné Jonathan GUILBAULT (Montréal, Canada) Chiara FORTUNA (Italie) Marie-Nicole COURBOULES (France).

Ces membres, renouvelés chaque année, sont issus de cultures et de pays différents. Chrétiens engagés, ils sont compétents dans le domaine du cinéma comme journalistes, critiques, théologiens, enseignants… Ils analysent les films, délibèrent en toute indépendance et remettent prix et mentions spéciales en compétition officielle.

- Le Jury Œcuménique prime des œuvres de qualités artistiques, de valeurs humaines évangéliques et montre une grande ouverture aux diversités culturelles, sociales ou religieuses.

- J’ai le plaisir d’assurer la coordination de ce jury depuis l’an 2000 avec mon homologue catholique, actuellement M. Jos Horemans de Belgique. Présidente de ce jury à deux reprises, coordinatrice du jury de Montréal jusqu’en 2014, j’ai aussi été membre de jurys œcuméniques à Montréal, Locarno, Berlin, Erevan, Karlovy Vary… Je peux témoigner que la vie de juré n’est pas de tout repos.

À Cannes, les jurés visionnent 3 à 5 films par jour soit une quarantaine de films, participent à des débats, des interviews, des invitations, ils rencontrent les Cannois lors de célébrations : la messe et le culte du Festival, temps forts après lesquels tous les paroissiens se retrouvent pour partager le verre de l’amitié, et la célébration œcuménique, cette année à l’Église Anglicane, avec une prédication de l’Évêque de Nice.

Nous avons eu le plaisir d’accueillir pour plusieurs jours

- Le pasteur Georges Michel, secrétaire général de la Fédération Protestante de France

- Le pasteur Sibylle Klumpp, vice-présidente de l’Église Protestante Unie en PACCA

Et les films en 2015 ?

Un bon cru réussissant à concilier cinéma d’auteur et ouverture au grand public. Chaque année des thèmes variés apparaissent. Cette année le thème touche à la famille, la fin de vie, comment accepter la mort physique due à la vieillesse, au suicide, aux catastrophes naturelles, comment accepter la mort sociale pour les chômeurs qui se sentent inutiles, pour les réfugiés qui n’ont plus d’identité, pour tous ceux qui ont perdu leur dignité… Comment vivre, comment survivre ? Le Jury Œcuménique a primé 3 films touchant à ces thèmes.

Palmarès du Jury Oecuménique

Prix : « Mia Madre » de Nanni Moretti (Italie) film sensible, alerte, émouvant sur la fin de vie d’une mère entourée de son fils et de sa fille. Drame et comédie, passé et présent, réalité et fiction, larmes et rires se mélangent comme dans la vraie vie. Le Jury explique : « Pour sa maîtrise et son exploration fine et élégante, imprégnée d’humour, de thèmes essentiels dont les différents deuils auxquels la vie nous confronte ».

Mention spéciale : « La loi du marché » de Stéphane Brizé (France) « Pour sa critique du monde du travail et sa réflexion incisive sur notre complicité implicite à des logiques marchandes inhumaines ».

Mention spéciale : « Taklub » de Brillante Mendoza (Philippines) « Pour son portrait sensible d’individus et de communautés aux Philippines luttant pour continuer à vivre malgré les catastrophes naturelles les exposant à la souffrance et à la mort ».

Nous espérons que ces films seront visionnés, appréciés, discutés par les groupes de cinéphiles et serons toujours très heureux de recevoir vos commentaires et critiques.

Pasteur Denyse MULLER

Vice-Présidente d’INTERFILM

Présidente d’INTERFILM France

Cannes.juryoecumenique.org