Le billet d'humeur

A propos du partage

Pierre Geiser, pasteur


Quelqu’un dans la foule dit à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi les biens que notre père nous a laissés. » Lc 12.13

Jésus leur dit : « Celui qui reçoit cet enfant par amour pour moi, me reçoit moi-même ; et celui qui me reçoit, reçoit aussi celui qui m’a envoyé. Car celui qui est le plus petit parmi vous tous, c’est lui qui est le plus grand. » Lc 9.48

Deux textes sans lien direct entre eux, qui éclairent chacun à sa manière un aspect permanent de la nature humaine. Le pasteur Pierre Geiser partage son point de vue pour l’occasion.

Notre société moderne se croit éclairée. « Dire que nous sommes au XXIe siècle…. » est une expression souvent entendue. Certaines attitudes sembleraient ne plus devoir se rencontrer, et pourtant… Comme si la nature humaine de ce siècle avait, de toute évidence évolué pour le meilleur. Ne sommes-nous pas des gens civilisés ?

On s’indigne volontiers des inégalités entre riches et pauvres ; entre citoyens d’ici et de « là-bas », entre ma contribution et celle des autres etc.

Nous sommes tous d’accord de partager… les biens des autres, et au fond de nous-mêmes « quelque part… » comme on l’entend si souvent, alors que cette expression n’est pas appropriée, nous nous croyons lésés, traités injustement et trop sollicités, à moins que nous nous sentions supérieurs, ne devant rien à personne.

Jésus répond à celui qui vient lui demander d’intervenir pour le partage d’un héritage, que ce n’est pas pour cela qu’Il est venu. Et en réponse à l’interrogation secrète de ses disciples qui voudraient savoir lequel d’entre eux est le plus grand, Il appelle un petit enfant, l’installe à côté de Lui, puis Il dit aux disciples : Quiconque reçoit en mon nom cet enfant, me reçoit, car c’est le plus petit qui est grand.

Décidément, Jésus ne fait rien « comme tout le monde », ni surtout comme on l’attend. Le partage, ce n’est pas Son problème, c’est le nôtre.

Partager ; encore un terme souvent employé dans un sens impropre. On ne peut pas partager une expérience ou un témoignage. Je peux en parler, en faire part, mais pas les partager. Le partage implique qu’une partie de ce que je partage, je m’en dessaisis, je n’en dispose plus. La sagesse nous dit que nous ne sommes riches que de ce que nous avons partagé. De nos jours, le vrai partage est une des vertus les moins bien partagées dans notre société. Ne dit-on pas que « charité » bien ordonnée commence par soi-même » ?

La plupart des grands problèmes contemporains trouveraient rapidement au moins un début de solution, si nous nous occupions de ce qui nous regarde : Partager ce que Dieu nous a confié justement pour que nous le partagions. Ainsi, les problèmes de déséquilibre

Nord – Sud

Riches – Pauvres

Suralimentés – Affamés

Puissants – Faibles, etc. etc.

se réduiraient. Les OMD, que le Défi Michée nous invitait à rappeler et à faire nôtres le 10.10.10, pourraient alors être atteints.

Si seulement nous étions prêts à adopter un style de vie plus simple, partageant joyeusement tout le superflu qui nous encombre. Alors, certainement, là où nous sommes, et bien au-delà, le monde commencerait à changer profondément.

Cet été, en Normandie, une personne a défrayé les chroniques en distribuant de manière anonyme des enveloppes contenant plusieurs dizaines d’euros chacune, dans les boîtes aux lettres de personnes vivant dans un certain dénuement. Elle n’a pas souhaité être connue ! Partage et vraie grandeur ; elle a apparemment tout compris.